Allongé dans le sable, les yeux dans le ciel, il se remémorait cet incroyable voyage, transition vers l’infini, son ultime moment. Peu lui importait ce qu’en retiendraient les autres, il était finalement là, seul et même premier, allongé sur cette plage depuis longtemps asséchée.
Longtemps il n’avait eu de cesse de se battre pour qu’ils puissent comprendre, pour qu’il puisse partir. Condamné à mourir sur cette immense maison, il leur avait présenté son projet de conquête. Parce que les hommes, et lui en particulier, ne pourraient jamais exister si jamais ils n’apprenaient aussi à mourir hors de leur berceau.
Cette condamnation imposée par un mal invisible mais inéluctable, il se devait d’en faire une arme pour l’humanité elle-même. Aucun autre n’aurait pu consentir à pareil sacrifice, mais lui n’avait en somme plus rien à sacrifier.
Il était mourant et avait déjà la tête dans les étoiles, c’était pour cela qu’il avait tant contemplé et envié Mars. A quoi bon attendre la mort chez lui quand il pouvait aller à sa rencontre dans une dernière course d’espoir.
Finalement, le premier homme sur Mars c’était lui, le premier homme à s’y allonger, c’était toujours lui, et en ce moment il savait que, bien que ne sentant pas le sable froid qui entourait sa combinaison, ce qu’il ressentait était bien plus fort et véritable que ce que nul n’avait ressenti avant lui.
Et il le savait, le premier homme à mourir sur Mars ce serait lui.
Finalement, le soleil martien se couchait, peut-être pour la dernière fois devant ses yeux, mais lui savait que l’humanité n’en était à présent qu’à ses premiers pas…