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De la lumière dans le salon (1/3)

De la lumière dans le salon (1/3) Posted on 2 septembre 2013Leave a comment

La course aux ondes

Alors que le soleil était haut dans le ciel, ce ciel d’un bleu pâle où les rayons filtraient froidement, on pouvait voir parmi la foule un jeune homme courir. Il courrait comme s’il avait le diable aux trousses, les yeux perdus dans l’urgence et le visage crispé. C’est qu’avant toutes ces personnes aux regards inquiets et interrogateurs, il avait eu la nouvelle de son père à l’institut spatial d’Orial. Non loin de son domicile, il avait décidé de s’y rendre le plus vite possible avant que les hologrammes devant l’entrée et les annonces gazouillées par audiologramme n’attirent les foules.

Alors qu’il apercevait l’entrée, déjà il entrevoyait des amoncellements devant la grille : certainement quelques passionnés avaient-ils capté les turbulences dues à l’entrée dans l’atmosphère sans se douter de l’identité du navire ni des nouvelles qu’il apportait (cette onde particulière que guettaient les passionnés d’OVNIs depuis plusieurs siècles attendant des révélations impossibles, perdus dans leurs rêves si communs et pourtant si variés).

Son père l’attendait en bas et le fit entrer sous les regards méfiants de la foule de plus en plus nombreuse. Ils venaient plus par espoir qu’autre chose, mais aujourd’hui ils ne seraient pas déçus, non pas aujourd’hui. C’était peut-être encore une question de minutes mais bientôt le directeur de l’agence apparaitrait par holo-transmission dans les rues et les foyers et alors il serait difficile d’accéder au bâtiment.

Alors qu’ils montaient les marches, il se demandait si les gens qu’il croisait savaient. Savaient-il que le vaisseau d’exploration « Origine » revenait tout juste de sa mission de deux ans dans le système solaire à la recherche d’un avenir?

Ils arrivaient finalement dans le bureau de son père et celui-ci lui demanda d’y rester jusqu’à ce que se termine la réunion de crise, il lui donnerait alors tous les détails. Il n’avait pas le choix malgré son impatience et resta donc là jusqu’à ce que…

Réunion de crise

Il aurait tellement aimé partager cela avec son fils, mais ce moment devait obligatoirement être le plus professionnel possible. Il lui garderait la primeur des détails, mais pour le moment le savoir dans son bureau lui suffisait à se concentrer sur ce qui allait arriver maintenant.

Il n’était pas encore bien sûr de ce qui les attendait, mais le bref message d’approche orbitale était assez clair : « Passons l’orbite de Phobos, détenons transmission terrienne ». Si la première partie n’était certes pas une nouvelle inhabituelle, la deuxième si.

Parcourant le long couloir qui menait à la salle d’holo-conférences, il essayait de compter les années depuis lesquelles ils n’avaient eu aucune nouvelle de la Terre. « 137 ans » se surprit-il à dire à haute voix alors qu’il était à l’entrée de la salle.

« Oui, ça fait bien 137 ans que nous n’avons eu aucune nouvelle de la Terre » lui répondit le directeur – « Il me tarde de savoir ce que l’équipe a bien pu capter ».

Dans un monde aussi connecté que celui-ci, comment se faisait-il que rien n’ait été communiqué avant? Il faut dire que les décennies de guerre précédant le grand silence avaient vue éclore toutes sortent de mines de toutes origines qui veillaient encore aujourd’hui à détruire tout bâtiment trop proche ou émettant à trop longue portée. La seule détection connue nécessitant des capteurs optiques (à courte portée donc), il était imprudent d’effectuer des communications Mars-Flotte au-delà de deux orbites lunaires.

Des nouvelles de la Terre, une planète si proche et pourtant si mystérieuse… Depuis la guerre thermonucléaire qui en avait obscurcit le ciel, plus rien n’était observable à sa surface. Les nombreuses observations effectuées témoignaient de violentes tempêtes et d’une activité électrique importante aux pôles. L’absence de communications ou de réponse à sa surface avait laissé penser depuis plus d’un siècle qu’elle était définitivement morte. Il songeait à toutes ces thèses qu’il avait eu tant de passion à parcourir, apportant tant de réponses différentes au devenir de cette planète dans les siècles ou millénaires à venir. Le seul point sur lequel toutes s’accordaient était sans nul doute sur le fait que rien ne subsistait de vivant là-bas. La grande station balnéaire lunaire où tant de réfugiés s’étaient amassés dans les premières heures sombre de cette histoire avait avec le temps été transformée en observatoire.
Ce fol espoir d’un jour retrouver le sol ferme de la Terre et sa gravité unique obsédait à tel point ce qu’il restait de l’humanité qu’un socle entier de recherche en terraformation post-nucléaire s’était formé dans toutes les académies.
A cause des mines éparpillées dans tout le système solaire et du manque de planètes habitables, la surpopulation était un problème de taille sur Mars, où il avait fallu mettre en place une régulation des naissances qui ne faisait que repousser l’échéance. Repeupler la Terre était donc non seulement une envie profonde mais un besoin urgent, en attendant l’élaboration un jour peut-être d’une propulsion permettant l’exploration au-delà de notre simple système solaire.

Tout cela, chacun en avait conscience, et la réception d’un message provenant de la Terre soulevait deux possibilités pour une encourageante, et pour l’autre potentiellement fâcheuse: si la Terre était peut-être partiellement habitable, elle risquait d’être elle-même en état de surpopulation, tout du moins par rapport à son taux d’habitabilité.

Le vaisseau était en ce moment en train de se poser dans le centre, on pouvait ressentir les vibrations de ses propulseurs faire trembler les fenêtres. Bientôt le message en question et les conditions de sa réception allaient être connues et seulement à ce moment là l’histoire prendrait un nouveau rendez-vous, un nouveau départ et l’humanité trouverait son nouveau défi.

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