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De la lumière dans le salon (2/3)

De la lumière dans le salon (2/3) Posted on 11 septembre 2013Leave a comment

Les sacrifiés

Allongé dans sa cabine, il savourait un de ces rares moments de tranquillité pendant lesquels il pouvait regarder sur le plafond holographique la carte de l’héliosphère, les yeux dans le vague et l’esprit songeur. Il avait depuis toujours rêvé de voyages interstellaires, de découvertes fabuleuses et d’équipages d’exploration passionnés. Mais le rêve se heurte toujours à la triste réalité et il avait atterri là, capitaine d’un vaisseau voguant inexorablement vers la Terre, planète mère même si elle était encore inconnue, qui était pour lui synonyme de mort et d’ennui.

Certes il était celui dont le vaisseau avait capté le message terrien, mais méritait-il de voir ses rêves d’exploration jetés au vide sidéral pour une chose si terre-à-terre? N’y avait-il personne d’autre pour remplir les tâches ingrates du conseil planétaire et pourquoi cette mission aurait été un honneur? Fermant les yeux il se dit qu’il n’avait finalement pas tant de raisons de se plaindre : il vivrait le rêve d’un autre et un autre encore vivrait le sien…

Après tout, il est vrai que ce message était étrange, non pas dans le message adressé, mais bien dans sa banalité : « Ross City, la ville où il fait bon vivre ». Voilà plus d’un siècle que les recherches ne filtraient pas l’atmosphère alors que ces terriens c’étaient juste enfermés dans leur monde. Pourquoi dépenser tant d’énergie à les recontacter et leur envoyer le plus beau vaisseau de la flotte, l’Origine?

Bien évidemment, sur Mars tout le monde rêvait de ce qu’on pourrait y découvrir ou de l’état même de la Terre. Passer un long moment loin de chez soi ne fait que nourrir l’envie d’y revenir, et ça une majorité de l’humanité extraterrestre le vivait depuis des décennies.

Il fut tiré de ses réflexions par le bip de l’interphone : « Capitaine, nous y sommes ». Déjà? ainsi donc ils étaient arrivés à hauteur de l’orbite lunaire et s’apprêtaient à se diriger vers la source du message pour établir le contact.

Voyageur de l’espace

Alors que le soleil artificiel était haut dans le ciel, ce ciel d’un bleu pâle trompeur d’où les rayons partaient froidement, on pouvait voir parmi la foule un jeune homme courir. Celui-ci ne courrait pas dans les rues d’une capitale pleine de vie et de sacrifices, mais il courrait dans un parc qui, en ce dimanche, était plein à craquer. Une bouteille d’eau usée à la main dans laquelle avaient été encastrés par des fentes deux morceaux de carton en forme d’ailerons, il lui faisait parcourir l’espace infini et rempli d’aventures du parc du dôme. Qu’importait l’artifice d’une flore entretenue sous un ciel illusoire, il vivait ces histoires qu’il avait entendues maintes et maintes fois à propos de voyages spatiaux et de colonisations depuis longtemps devenues mythes.

Alors qu’il voyait ce vaisseau pourfendre le vide interstellaire, il effectuait tous les bruitages et même les dialogues de l’équipage. Et c’est alors, qu’au moment même de son saut dans l’hyperespace, il entendit le dôme entier vibrer au rythme du son grave qui semblait venir de l’extérieur. Il avait l’habitude d’un bruit comme celui-ci à cause des navettes qui circulaient entre les dômes, mais rien d’aussi puissant. C’est lorsqu’il vit l’ombre au dessus de la ville qu’il comprit que ça n’avait rien d’une navette et, restant là debout, il ne savait quoi penser….

Dôme #37B

Amarré, le vaisseau était véritablement ici, dans le dôme comme si cela avait été normal. Cela John ne pouvait l’envisager, lui qui avait été le coordinateur des échanges inter-cités pendant les 12 dernières années. Lorsque le premier message venant d’un « vaisseau martien » était arrivé, il avait alors cru à une blague de mauvais goût si bien qu’il avait simplement demandé combien de petits hommes verts il y avait à bord. Mais quand les radars ont indiqué une masse qu’aucun vaisseau terrien en fonctionnement ne pouvait égaler, il avait tout simplement refusé de lui permettre d’entrer. Après tout, ne les avaient-ils pas abandonnés sur une Terre mourante et dangereuse après la grande guerre?

Lorsque le responsable diplomatique avait décidé de les laisser entrer, il n’en avait pas non plus cru ses oreilles. Quelle folie de laisser entrer un tel danger et des êtres au langage étrange, peut-être eux-mêmes difformes, entrer dans ce havre de paix qu’était le dôme #37B. N’aurait-il pas été préférable de les faire atterrir dans un autre dôme de Ross City? Et puis la taille de ce vaisseau compliquait terriblement la logistique dont il était au final seul responsable, lui compliquer la vie pour cela c’était somme toute criminel…

Et de derrière la paroi vitrée de son bureau, il regardait le vaisseau qui venait tout juste de se poser, une issue devant le pont d’amarrage fabriqué à la hâte pour l’occasion. Il serrait les dents en espérant de tout son cœur que lui et les autres n’aient jamais à regretter ce moment…

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